HELLFEST 1ère Partie du 17 au 20 Juin 2022
Texte par OLIVIER CARLE
Photos de Philippe Archambeau sauf Alex Mitram pour Juda Priest
Après 2 ans d'arrêt pour les raisons que nous connaissons, le Hellfest est enfin de retour en 2022 pour une double édition. Je me faisais une joie de participer à ces 7 jours de musique à Clisson mais malheureusement le virus m'empêchera d'assister à la seconde partie du festival. Ce Reportage Live portera donc uniquement sur la première partie, celle du 17 au 19 juin...
Une fois n'est pas coutume c'est par la « Valley » (une des tentes du festival, NdR.) que j'entame cette première journée. Il faut dire que c'est souvent sous ce chapiteau que j'ai fait les plus belles découvertes lors des éditions précédentes et je ne manque jamais une occasion d'aller y faire un tour quand rien ne m'attire sur les « Mainstages » (les deux scènes principales du festival, NdR.). AEG, anciennement « All Systems Go », est un groupe de stoner US, originaire de Caroline du Nord. Ce quartet composé d'un guitariste/chanteur, d'un second guitariste et d'un bassiste et d'un batteur délivre un set d'à peine quarante minutes, mais d'une intensité rare. Avec un nouveau single sous le bras « Pyramid Wheels », les Américains vont convaincre sans difficulté le public de la « Valley » avec leur « heavy rock » teinté d'accents sudistes. Une bien belle surprise avec ce groupe que je ne connaissais quasiment pas et que je vais suivre avec attention pour les années à venir...
Un petit tour à la « Warzone » pour Rudeboy qui reprend Urban Dance Squad mais j'en repars guère convaincu, il faut dire que je ne suis pas un inconditionnel du groupe des années 90 et de son « funk-rap-metal » un peu répétitif à la longue.
Je décide donc de rejoindre les « Mainstages » pour revoir Frank Carter & The Rattlesnakes que j'avais découvert il y a 5 ans dans ce même festival. Bonne décision car je vais prendre la première grosse claque de la journée. Le groupe anglais a fait des progrès énormes et est devenu une véritable machine de guerre scénique. Prodiguant un rock bourré d'énergie, le quintet mené par le très tatoué Frank et l'excellent guitariste Ryan Richardson ne ménage pas ses efforts sous un soleil de plomb pour faire bouger la foule de la MS1. On verra même notre première chaise roulante en mode « crowdsurfing » qui provoquera l'admiration non feinte de Mr Carter. Et puis celui-ci imposera un « circle-pit » entièrement féminin, une habitude chez lui, et cela fera le bonheur des demoiselles... Et la musique me direz-vous ? Et bien ça assure grave avec une set-liste issue des quatre albums du groupe qui commence à se faire une sérieuse renommée dans le milieu métal et au-delà ! Grand moment en tout cas...
Je retourne ensuite à la « Valley » pour voir Black Mountain. Ces Canadiens mélangent « stoner », psychédélisme et rock progressif. Voilà encore un groupe que je ne connaissais pas et qui en moins d'une heure a réussi à me convaincre. On retrouve du Pink Floyd, du Jefferson Airplane et du Yes chez ces musiciens de Vancouver et le moins que l'on puisse dire c'est que le mélange est très réussi. La musique est envoûtante à l'image de ce sublime « Wucan » totalement addictif. Difficile de quitter un concert de Black Mountain tant le groupe canadien arrive à capter son auditoire avec ses mélodies accrocheuses et ses voix enjôleuses... Encore une belle découverte en ce vendredi caniculaire !
Je file ensuite vers les MS pour The Offspring. Je n'avais pas gardé un souvenir impérissable de leur prestation en première partie d'AC/DC au Stade de France en 2001 mais j'étais prêt à leur donner une seconde chance. J'ai très bien fait car le groupe américain a donné une véritable leçon de rock'n'roll à la foule massée devant la MS1. En une petite heure, les Californiens ont délivré une set-liste d'enfer qui a convaincu même les plus récalcitrants à ce « pop-rock mainstream », même si teinté de punk et de hardcore. Il faut dire que Dexter Holland sait s'y prendre pour concocter des hymnes ultra-accrocheurs comme « Self Esteem », « You're Gonna Go Far Kid », « The Kids Aren't Alright » ou encore le fabuleux « Pretty Fly (For A White Guy) ». et il est formidablement bien secondé par Noodles à la guitare solo et Todd à la basse. Le public ne s'y trompe pas en réservant aux Américains un accueil très chaleureux et largement mérité.
Mais le meilleur reste à venir. J'avais découvert Cro-Mags en 1987 au Zénith de Paris en première partie de Motörhead. Intitulé « premier festival hard de Noël », ce concert restera gravé dans ma mémoire puisque Lemmy m'avait confié quelques jours auparavant, lors d'une dédicace à la FNAC Étoile, que Black Sabbath qui devait partager la tête d’affiche de cette soirée avait déclaré forfait par peur de ne « pas être à la hauteur ». Ils avaient effectivement été remplacés par Girlschool en dernière minute et Fisc était aussi de la partie... Autant dire que je ne risque pas d'oublier ce concert du 21 décembre 1987 et la prestation de Cro-Mags aux côtés de mes héros de l'époque, Motörhead et Girlschool. C'est la plus grosse salle parisienne que ces hérauts du hardcore aient jamais faite puisque par la suite ils n'ont joué que dans des « petites salles » comme le Gibus, le Club Dunois, l'Arapaho ou l'Espace Ornano. Personnellement je ne les avais revus qu'une fois, en 1993, à Cologne avec les excellents Only Living Witness mais je ne garde pas un énorme souvenir de cette date allemande. Les Américains montent sur la scène de la « Warzone » sur le thème musical de « Orange Mécanique » suivi de « Le Bon, La Brute et le Truand » (Morricone), histoire de mettre en condition les spectateurs. Harley Flanagan est toujours aussi impressionnant avec sa carrure athlétique et sa tête de tueur en série ! On sent que le bougre est venu pour en découdre avec ses deux guitaristes et son batteur. Ça attaque très fort avec « We Gotta Know » du légendaire album « The Age Of Quarrel ». Les douze titres de la set-liste vont s'enchaîner comme autant d'uppercuts notamment « Hard Times » et « Show You No Mercy » de ce même album de 1986, ou les plus récents et non moins efficaces « 2020 » « PTSD » et « From The Grave ». Énorme claque que ce concert de Cro-Mags en ce premier vendredi soir encore très chaud du Hellfest 2022... Tellement épuisant que je décide de rentrer pour garder des forces pour le lendemain. Je manquerai de ce fait un autre grand moment de la « Warzone » ce soir-là, celui de Suicidal Tendencies mais on ne peut pas être partout !
Retour au festival plus tardif que prévu en ce samedi 18 juin puisqu'on a appris que le concert des Dead Daisies est annulé pour cause de CoViD, décidément ! Étant fan de Behemoth, je décide d'aller faire un tour du côté de la « Valley » pour découvrir le nouveau projet de son leader Nergal : Me And That Man. Il s'agit d'un genre de blues/folk-rock plus ou moins déjanté, influencé par Nick Cave et Johnny Cash, mais très sincèrement ça ne passe pas l'épreuve de la scène, on s'ennuie ferme ! Direction la MS2 pour voir Soen tout droit arrivé de Suède. Encore un « supergroupe » composé de différents membres issus de différents combos de la scène « Metal », me direz-vous, mais le résultat est plus que convaincant. Ce quintet propose un rock plutôt progressif que certains comparent à Tool mais je trouve ces Suédois beaucoup plus accessibles que le groupe de Maynard James Keenan et surtout dans un registre relativement plus calme. Soen a son propre univers et invite le public à un voyage sensoriel et émotionnel tout à fait passionnant... À suivre donc !
Ayant vu Exciter pour la première fois en 2019, au Blast From The Past, je m'étais juré de revoir dès que possible ce trio canadien tant j'avais aimé sa prestation en Belgique. Direction « Altar » donc, malheureusement assez vide en cette fin d'après-midi. Il faut croire que cette légende du « speed-metal » n'attire plus les foules après près de 45 ans de bons et loyaux services à la cause « heavy metal » et c'est bien dommage ! Je retrouve donc Dan Beehler au chant et derrière les fûts ainsi que son fidèle compagnon bassiste Allan James Johnson. Daniel Dekay a lui rejoint Exciter il y a 4 ans en remplacement du guitariste originel John Ricci mais il maîtrise maintenant le répertoire des Canadiens à la perfection. La set-liste est encore et toujours parfaite avec les classiques « Violence & Force », « Stand Up And Fight », « Heavy Metal Maniac » ou « Iron Dogs », et on aura même droit à une très bonne reprise de « Iron Fist » en hommage à Lemmy dont la nouvelle statue trône à la « Warzone ». Les esprits chagrins diront que la voix de Dan a perdu de sa superbe mais quel plaisir de revoir Exciter en 2022...
L'excellente surprise de la journée viendra d'un Megadeth revigoré sur la MS1 avec un Dave en grande forme malgré ses récents ennuis de santé et surtout très souriant tout au long du set des Américains. La présence de Kiko à la guitare est une véritable bénédiction pour le groupe qui a retrouvé une fraîcheur et une énergie communicative. James LoMenzo a la lourde mission de reprendre la place laissée vacante il y a peu par David Ellefson à la basse mais il s'en acquitte parfaitement. Quant à Dirk Verbeuren il est le dernier d'une longue liste de batteurs qui ont émaillé la carrière du groupe de L.A. et on ne peut que lui souhaiter de rester aussi longtemps que possible chez Megadeth car il le mérite amplement ! Dave va revisiter les plus grands titres des quarante ans de son groupe avec des versions incandescentes de « Hangar 18 », « Symphony Of Destruction », « Peace Sells », « Sweating Bullets » sans oublier le très apprécié « À Tout Le Monde » avec son refrain en français toujours repris en chœur par la foule en délire et un « Holy Wars... » d'anthologie ! C'était mon quatrième concert de Megadeth au Hellfest mais celui-ci a largement surclassé les trois précédents...
Juste quelques mètres à faire pour retrouver Deep Purple sur la MS2. Je les attendais de pied ferme car leurs deux précédentes prestations à Clisson en 2014 et 2017 furent pour le moins pénibles avec un Ian Gillan désinvolte et des set-listes indignes. Cette troisième fois fut la bonne, fort heureusement ! Ian a abandonné la tenue de touriste allemand qu'il arborait les fois précédentes et c'est tant mieux. Pas de Steve Morse sur cette tournée pour raisons familiales et c'est le beaucoup plus sobre Simon McBride qui officie à la six-cordes. Je ne sais pas si c'est mieux ou moins bien au final, mais j'avoue que l'exubérance de Mr Morse m'a parfois manqué notamment pour l'intro de « Smoke... » qui manquait de mise en bouche selon moi... Les Anglais attaquent logiquement avec les deux classiques des 70's que sont « Highway Star » et « Pictures At Home » avant un toujours magnifique et plus récent « Uncommon Man » en hommage au grand Jon Lord. On enchaîne avec le culte « Lazy » mais c'est surtout « When A Blind Man Cries » qui en surprendra plus d'un tant cela fait un bon moment que le Pourpre Profond n'avait pas repris ce morceau sur scène. Le solo de Don Airey sera grosso modo toujours le même que celui qu'il fait à chaque concert dans l'hexagone mais ça plaît toujours visiblement ! Retour aux fondamentaux avec le sublime « Perfect Strangers » qui permet à Gillan de montrer que la voix est toujours là après toutes ces années d'abus divers et variés. Très bonne version de « Space Truckin' » avant un « Smoke On The Water » que tout le monde attendait avec impatience. Au rappel on aura droit à un très dispensable medley juste là pour rappeler que DP vient de sortir un album de reprises totalement inutile. Heureusement « Hush » et « Black Night » viendront remettre les pendules à l'heure et l'église au milieu du village. On aurait aimé un set un peu plus long car ces légendes du hard rock le méritent bien avec leur discographie si riche et variée mais on se rattrapera sans doute à La Seine Musicale le mois prochain...
Le dimanche c'est « grasse mat' » car les hostilités ne commencent qu'à 16h00 avec la reine Doro. J'avais été un peu déçu par sa précédente prestation au Forum Vauréal en 2019 mais je sais que les festivals lui réussissent mieux, la preuve en est la dernière fois au HF en 2011 où elle fut divine ! Toujours accompagnée par son gang de fines gâchettes, la belle donne l'impression que le temps n'a aucune emprise sur elle... Elle semble toujours aussi heureuse de monter sur scène et se fait un plaisir de haranguer la foule en français grâce à des fiches que son tour manager dépose régulièrement à ses pieds... Même si on peut trouver cela un peu « too much », notre Allemande préférée fait au moins des efforts pour s'adapter à son auditoire ! La set-liste est toujours grosso modo la même et les morceaux se suivent et se ressemblent mais après tout pourquoi s'en plaindre ? Beaucoup de titres de l'époque Warlock bien évidemment comme les incontournables « Burning The Witches », « Hellbound » et l'hymne « All We Are » que les fans reprennent en chœur. OK c'est toujours pareil et ce depuis des lustres mais on ne s'en lasse pas !
On enchaîne avec Michael Schenker qui célèbre ses 50 ans de carrière. Pas de McAuley ce soir mais un Ronnie Romero quelque peu distant et peu impliqué dans son rôle de vocaliste. Pas grave dans la mesure où tout le monde a les yeux rivés sur le blond guitariste dont c'est le premier passage au Hellfest et qui a l'air très heureux de participer à la quinzième édition du festival hexagonal. Je n'ai jamais vu Michael autant sourire pendant un concert et ça fait plaisir... Il attaque avec le classique « Into The Arena » pour se mettre en jambes avant de balancer un « Doctor, Doctor » d'U.F.O. que l'on n'attendait pas si tôt dans la set-liste. Version remarquable comme d'habitude. Retour ensuite à sa carrière solo avec un extrait de l'album de 1981, « Looking For Love ». Personnellement j'aurais préféré un « On And On » ou un « Attack Of The Mad Axeman » du même opus mais bon ! Même remarque pour « Red Sky » issu de « Built To Destroy » de 1983 ; là encore j'aurais choisi un « Rock My Nights Away » ou un « Captain Nemo » mais avec Mr Schenker il faut s'attendre à tout... Un peu de promo pour l'insignifiant avant-dernier album « Immortal » avec l'insipide « Raise The Darkness » avant un retour aux choses sérieuses grâce à l'éternel « Lights Out » d'U.F.O. dans une superbe version enchaînée à un « Armed And Ready » de derrière les fagots qui rappelle combien le M.S.G. a compté dans notre éducation musicale des 70's. Malheureusement la promo des « œuvres » récentes reprend avec le pitoyable « A King Has Gone » dont on se serait bien passé. Fort heureusement le sublime « Rock Bottom » viendra sauver la mise et nous faire oublier les errements de cette set-liste grâce à une version rallongée et à son solo de guitare d'anthologie ! On espère un retour du M.S.G. au Hellfest dans un proche futur avec un créneau beaucoup plus tardif dans la journée et surtout un vrai « Best Of » de la carrière de notre Michael préféré...
Ce Hellfest 2022 marque le retour de Phil Anselmo qui était devenu un pilier du festival il y a quelques années avant de s'en éloigner pour cause de comportement politiquement « incorrect » ! On se souvient même de l'annulation de sa venue avec Down en 2016 pour ces mêmes raisons... Il revient en ce dimanche après-midi avec le groupe de la Nouvelle-Orléans qui compte en son sein les deux formidables guitaristes que sont Pepper Keenan (C.O.C.) et Kirk Windstein (Crowbar) ainsi que l'ancienne section rythmique de Crowbar : Jimmy Bower et Pat Bruders. Les Américains vont revisiter pendant une petite heure leur savant mélange de « stoner » et de « sludge » teinté de rock sudiste sur la MS2. Les fans se sont massés nombreux pour ce come-back attendu et ne seront pas déçus... De « Hail The Leaf » à « Bury Me In Smoke » en passant par « Stone The Crow » et « Eyes Of The South », tous les principaux brûlots de Down seront interprétés par le quintet en très grande forme. Phil est maintenant tout miel et évite tout dérapage en remerciant la « terre entière » pour avoir le privilège de fouler de nouveau la scène du Hellfest. Très grand moment en tout cas !
Les grands gagnants de ce HF1 seront au final les Anglais de Judas Priest qui reviennent pour la quatrième fois à Clisson. Autant on pouvait leur faire des reproches quant à leurs précédentes prestations, autant ce cru 2022 fut parfait à tout point de vue ! La paire de guitaristes composée de Richie et Andy est maintenant bien rodée et chacun a trouvé ses marques. Ian et Scott restent une extraordinaire machine de guerre rythmique. Quant à Rob il paraît légèrement fatigué mais il pousse toujours la note à son maximum quand c'est nécessaire. Le décor de scène est somptueux et les éclairages toujours aussi magiques. La set-liste est forcément très bien ficelée avec son lot d'incontournables comme « Breaking The Law », « Painkiller », « Living After Midnight », « Hellbent For Leather » ou « Turbo Lover » ainsi que les traditionnelles reprises de Fleetwood Mac « The Green Manalishi (With The Two Prong Crown)» et de Joan Baez « Diamonds & Rust »... 1 heure 20 de déchaînement métallique pour le plus grand bonheur des fans du grand Priest !
J'irai ensuite faire un petit tour sous la « Valley » pour revoir mes chouchous de Killing Joke mais sachant qu'ils seraient de nouveau là pour le HF2 je ne m'éterniserai pas. J'ignorais à ce moment là que la CoViD m'empêcherait de participer à la seconde partie du festival ! Si j'avais su...
Merci à Roger et à Fabienne...
OLIVIER CARLE
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